En mai 1978, des gendarmes du PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention) font une patrouille de nuit dans la forêt de Chantilly. Sur un chemin de terre, au lieu-dit du carrefour des ripailles, ils découvrent une Peugeot 504 abandonnée. Plusieurs vitres sont cassées, apparemment par des coups de feu. Croyant à une affaire de banditisme, les gendarmes alertent l'antenne de PJ de Creil qui est habituellement chargée de ce type de dossier dans l'Oise.
Arrivés sur les lieux, les policiers font les premières constatations et découvrent de nombreux indices: une cordelette qui semble avoir servi à attacher quelqu'un sur un siège, des mégots de gitane blanche, une seringue hypodermique, des papiers de bonbon et de chewing-gum, des douilles et sur le siège passager un mouchoir taché de sang. Dernier élément troublant, les enquêteurs trouvent à quelques mètres du véhicule un plan griffonné à la main semblant indiquer les préparatifs d’un hold-up à la poste de la ville voisine de Pierrefond. L’identification du véhicule montre qu’il a été volé quelques jours auparavant à la femme d’un gendarme qui avait laissé les clés sur le contact.
Agression de Karine
Deux mois plus tard, un autre évènement se produit à priori sans aucun rapport avec l’affaire de la 504. A Pont Sainte Maxence dans l’Oise, Karine, une jeune fille de 17 ans est agressée à la sortie d’un cinéma. Alors qu’elle rentre chez elle, un homme au volant d’une Renault 12 grenat s’approche et tire sur elle à trois reprises. Légèrement touchée au mollet, elle a juste le temps d’identifier le véhicule de son agresseur. C’est une voiture volée les clés sur le contact. A l’époque aucun rapprochement n’est établi entre les deux affaires.
Véhicule piégé
Dix jours après l’agression de Karine, un gardien de la paix remarque dans une rue tranquille de Creil une voiture mal garée. Il ouvre la portière et immédiatement une détonation retentit, suivie de l’incendie de la voiture. Le policier est brûlé aux mains et au visage mais s’en sort plutôt bien compte tenue de la violence de l’explosion. Le véhicule, une Renault 12 grenat, était piégé. Les policiers découvrent qu’il a été volé un mois et demi plus tôt à Martial Doucet, un agriculteur de l’Aisne, qui avait laissé les clés sur le contact. Face à ces similitudes le lien est fait entre ces trois affaires.
Lettre anonyme
Très vite les soupçons des policiers vont se confirmer lorsqu’ils reçoivent au commissariat de Creil une lettre revendiquant le piégeage de la Renault 12 et l’agression de Karine. Les preuves accompagnant ce courrier (notamment la carte grise de la Renault) ne laissent planer aucun doute : Il s’agit bien de l’auteur des faits. Plus inquiétant, l’auteur de la lettre dit qu’il va recommencer. Pour ajouter au mystère il écrit la phrase suivante : « Karine me connaît mais elle ne pourra jamais faire le rapprochement ».
Par ailleurs, bien que la lettre n’évoque pas l’affaire de la 504, le lien est établi par comparaison des empreintes digitales relevées sur les deux véhicules. A la lecture de ce courrier, Daniel Neveu, inspecteur principal au commissariat de Creil, est frappé par un détail : Le style d’écriture ressemble énormément au langage employé dans un rapport de police ou de gendarmerie.
Parallèlement, l’itinéraire de l’agresseur est reconstitué grâce aux chèques volés à Martial Doucet ; en tout une vingtaine. L’audition des commerçants ayant croisé sa route permet d’établir un portrait robot mais inexploitable car imprécis. En outre les résultats de l’expertise balistique tombent. L’arme de l’agresseur est un Beretta 9 mm court, une arme plutôt rare et appréciée des collectionneurs et des militaires.
Par acquis de conscience, le commissaire de Creil fait une enquête au sein de ses hommes mais aucun emploi du temps ne correspond aux trois affaires.
Nouvelle agression et nouvelle voiture piégée
Malgré les menaces perpétrées dans la lettre rien ne se passe pendant trois mois. Mais le 16 novembre 1978 les gendarmes de Clermont sur Oise sont appelés pour un étrange accident à Fitz-James. Une jeune femme de vingt ans a été renversée par un automobiliste alors qu’elle circulait à vélo. Le conducteur prend la fuite mais des passants ont le temps de noter le numéro d’immatriculation. Elle correspond à une Peugeot 504 volée sur le parking de la gare de Beauvais, les clés sur le contact. Deux jours plus tard, la voiture est retrouvée devant la gare d’Orry la Ville par une patrouille de gendarmes. Yonnel Carpentier, jeune gendarme auxiliaire s’approche de la 504 et ouvre la porte passager. Immédiatement la voiture s’embrase, blessant légèrement le gendarme. C’est la seconde affaire de voiture piégée en trois mois. Bien que l’enquête soit officiellement confiée à la PJ, le capitaine Pineau, de la gendarmerie de Clermont mène sa petite enquête. Il rassemble les photos des délinquants sexuels de la région ; en tout 28.
Braquage à la poste
C’est alors qu’il apprend qu’un braquage vient d’être commis à la poste de Sénarpont. Le voleur s’est enfui à bord d’une Citroën GS volée clés au contact. Il décide alors de présenter ses photos à la postière qui s’arrête à la photo N°6 et lui dit qu’il ressemble à cet homme mais en plus jeune et avec les oreilles décollées. La jeune cycliste renversée à qui l’on présente les 28 photos fait exactement la même déclaration. De leur côté les policiers poursuivent leurs investigations. Ils découvrent que les empreintes digitales relevées à la poste de Sénarpont sont identiques à celles de la 504 du carrefour des ripailles : Ils ont affaire au même homme.
Premier meurtre
Le 1er décembre 1978, un nouvel évènement dramatique se produit en bordure de l’hippodrome de Chantilly. Des passants découvrent une jeune femme de 19 ans blessée par balle au bord de la route. Elle raconte avant de décéder des suites de ses blessures, qu’elle a été agressée par un homme d’une trentaine d’années qui l’avait prise en stop à Pont Sainte Maxence. L’expertise montre qu’elle a été tuée par la même arme : un Beretta 9 mm court. De plus un témoin affirme l’avoir vue monter dans une GS bleue, celle-là même ayant servi au hold-up de Sénarpont. Deux jours plus tard la GS est retrouvée sur le parking de la gare d’Orry la Ville avec le même dispositif de piégeage, heureusement déjoué à temps. Le 12 décembre 1978, face à l’ampleur que prend cette affaire, les quatre compagnies de gendarmerie de l’Oise sont réunies afin d’être mises au courant de tous les éléments récoltés. Et en lisant la lettre anonyme, le capitaine Pineau fait, sans le savoir, la même constatation que l’inspecteur Neveu. Certaines expressions sont typiquement issues du vocabulaire « gendarme ». Cependant, malgré ces similitudes, le supérieur du capitaine Pineau ne veut rien entendre et refuse d’enquêter chez les siens.
Agression d’une autre jeune fille
Le 29 décembre 1978, le tueur frappe à nouveau. Il prend en stop Andrée, une jeune fille de 19 ans à la sortie de Compiègne au volant d’un Peugeot 504 verte. Arrivés sur une petite route peu fréquentée, il change d’attitude et lui tire dessus à trois reprise avec son arme. Blessée, elle parvient tout de même à sauter du véhicule et tombe lourdement sur la route. Toujours consciente elle raconte sa mésaventure à des témoins de la scène. A la suite de cette agression elle restera malheureusement paralysée.
Chasse à l’homme
Immédiatement les gendarmes dressent des barrages autour de la zone. Deux heures après l’agression, une Peugeot 504 verte se présente sur l’un des barrages situé sur un pont. Le chauffeur ne ralentit pas et parvient à prendre la fuite. Pourchassé, il doit son salut au passage d’un train à un passage à niveau.
Peu après avoir perdu sa trace, les gendarmes trouvent la 504 embourbée dans une zone marécageuse. Une battue est organisée avec des moyens humains et aériens considérables. Mais il leur glisse encore entre les doigts. Début 1979, une psychose commence à s’installer dans l’Oise. La population, déjà choquée par la récente affaire Marcel Barbeault, voit ses craintes attisées par la presse qui n’hésite plus à suspecter publiquement les forces de l’ordre.
Quelques jours plus tard, Andrée, sortie du coma, donne une description précise de son agresseur et un portrait robot est publié dans la presse. C’est à ce moment-là que les policiers reçoivent une seconde lettre anonyme. Dans ce courrier il revendique tous les méfaits pour lesquels il est suspecté et lance volontairement les policiers vers de fausses pistes. En outre il menace de recommencer à nouveau.
En janvier et février il ne commet aucun crime mais continue de voler des voitures (cinq en tout). Les enquêteurs traquent toujours sa piste en suivant le parcours des chèques qu’il a volé. Il semble vouloir brouiller les pistes en se déplaçant beaucoup. Le 17 mars 1979, il vole la luxueuse voiture d’un ancien ministre mais tombe en panne sur l’autoroute. A l’arrivée des CRS venus à sa rencontre il a l’audace de se présenter comme étant le fils du ministre et une fois au garage du dépanneur il s’évapore dans la nature au volant d’une GS marron. Cette fois des membres des forces de l’ordre l’ont vu de près ce qui permet d’établir un troisième portrait robot beaucoup plus précis qui est publié le 3 avril 1979.
Le maniaque identifié
A la brigade de gendarmerie de Clermont, le maréchal des logis chef Claude Morel croit reconnaître sur ce portrait robot un de ses anciens gendarmes : Alain Lamare, 23 ans. Mais il semble le seul à partager cette idée au sein de la brigade. Seule sa femme partage son point de vue. Il décide alors de chercher des preuves en comparant l’écriture de la lettre anonyme à celle des PV archivés de Lamare. Et il observe des similitudes troublantes. Le 7 avril 1979 il décide finalement d’en parler au capitaine Pineau qui ne connaît pas Lamare car il est arrivé à Clermont après sa mutation au PSIG de Chantilly. Morel lui parle également de sa passion pour les armes. Intrigué Pineau prévient Henri Cavalier, le supérieur hiérarchique du suspect à Chantilly. En vérifiant l’emploi du temps du gendarme ils constatent qu’à chaque évènement il était hors service. Cavalier tombe des nues mais en rassemblant ses souvenirs il se rend compte que c’est le gendarme le plus impliqué dans cette affaire. C’est même lui qui a découvert la plupart des voitures volées. Ils n’ont donc plus aucun doute ; le coupable c’est Lamare. Il leur reste maintenant à le neutraliser. A cet instant il se trouve en patrouille lourdement armé et semble contrarié comme s’il se doutait d’avoir été démasqué.
Arrestation du gendarme Lamare
Henri Cavalier décide d’utiliser un stratagème pour le faire revenir à la brigade sans éveiller ses soupçons. Il prétexte une opération sur un camp de gitans pour rappeler toutes les patrouilles. En arrivant à la brigade, Lamare pose son fusil mitrailleur sur les ordres de l’adjudant Cavalier qui le ceinture au moment où il allait sortir une seconde arme dissimulée dans son trois quart. Interrogé toute la nuit il nie farouchement mais il est confondu par ses empreintes qui sont identiques à celles relevées dans les voitures volées. La brigade de Chantilly est abasourdie et choquée par cette incroyable nouvelle. La perquisition à son domicile est prévue à 6 heures du matin. A l’intérieur de l’appartement ils découvrent une multitude de preuves accablantes. Entre autres des armes, des clés et des mégots de gitane blanche alors qu’il est non-fumeur. A l’annonce de son arrestation vers 13 heures à la radio, une foule de badauds se masse progressivement devant l’immeuble.
Ultime drame
La perquisition s’achève à 16 heures ce dimanche 8 avril. A la sortie de Lamare, c’est dans une quasi-émeute qu’il est installé dans la voiture de gendarmerie. Poursuivi par les journalistes, le véhicule roule très vite et en croisant une fourgonnette deux jeunes en cyclomoteurs sont percutés par une voiture de presse. L’un d’eux, Gérard Bastien, 14 ans, décède sur les lieux de l’accident. Ce sera la dernière victime « indirecte » de Lamare. Le soir il avoue ses crimes au juge d’instruction mais ce seront ses seules explications. Il s’enfermera ensuite dans le mutisme le plus complet. Cette arrestation permet de lever le voile sur la mystérieuse phrase de la première lettre anonyme au sujet de Karine : « Karine me connaît mais elle ne pourra jamais faire le rapprochement ». Il la connaissait effectivement puisqu’il l’avait interrogée au moment de son agression et lui avait même promis d’arrêter le coupable. De plus les anciens collègues de Lamare apprennent qu’ils étaient les suivants sur la liste ce qui achève de les démoraliser.
Pas de procès
Trois ans après son arrestation et après plusieurs expertises et contre-expertises psychiatriques contradictoires, Alain Lamare est déclaré irresponsable de ses actes et ne sera donc jamais jugé. Une ordonnance de non-lieu est rendue le 14 janvier 1983. En 1988, les familles des victimes obtiendront, près de 10 ans après les faits, des dommages et intérêts mais leurs questions demeureront à jamais sans réponse.
Je possède le livre de Yvan STEFANOVITCH suis prêt a le céder a toutes personnes intéressées. Pour la petite histoire, à l'époque des faits j'étais gendarme en Picardie, et j'ai eu la "chance" de transférer au Juge à SENLIS, BARBEAULT premier tueur de l'Oise et LAMARRE.
Rédigé par : gaspard80 | 24 décembre 2013 à 12:53
M6 a utilisé la photo du gendarme lamare dans son générique de la série :les bleus
Incroyable mais vrai, il y a quelques mois,M6 à diffusé sa série "les bleus".
Voila le message que j'avais envoyé à l'époque à M6 sans réponse de leur part !!!
"J'apprécie beaucoupe la série les bleus, toutefois un détail dans le générique de début de la deuxième série me semble inacceptable. En effet, lors de la présenation de l'acteur Antoine Amel, on voit en arrière plan 2 personnes représentant son grand père et son père. La personne représentant son père et un vrai gendarme. C'est le gendarme LAMARE Alain qui dans les années 1978, 1979 a tué et blessé grièvement plusieurs personnes. Il a été arrêté et jugé irresponsable des ses actes et placé en hopital psychiatrique . Je ne sais pas si c'est une maladresse ou un acte délibéré de votre part, mais je trouve particulièrement scanleux que l'image de cet assasin apparaisse dans ce générique. Merci de me faire savoir les raisons de la présence de cet individu dans ce générique"
Rédigé par : jean mi | 15 septembre 2010 à 10:49
bonjour a tous alain en dehors de ce qu'il faisait était un jeune homme gentil je suis resté boulversé choqué aussi ni croyant pas car nous l'avons connu jusque là j'ai du mal a l'imaginer tuer car avec nous il était gentil et pourtant...j'ai une pensée pour la famille de toutes ses victimes c'est horrible!
Rédigé par : lolo | 23 mai 2010 à 01:13
bonjour de quel droit utilisez vous les photos des victimes?
Rédigé par : UNE VICTIME | 05 novembre 2009 à 22:57
Bonjour à tous,
Je m'intéresse à l'affaire depuis le début, en 1980, car j'ai connu une de ses victimes, et à l'époque, la peine de mort était toujours en vigueur, et cette personne ne voulait pas que se tueur soit condamné à mort par l'état, mais voulait que se criminel qui a fait plusieurs victimes, reste enfermé pour le restant de ses jours et surtout qu'il paie de ses deniers pour permettre à ces jeunes femmes de pouvoir vivre le plus normalement possible, surtout la jeune femme réduite à vivre en fauteuil roulant jusqu'à la fin de ces jours!!!
un criminel de cette sorte ne doit pas vivre dans cette société, je crois qu'a tout moment ses pulsions reviendraient vite à la surface. qu'il reste là ou il est , et ses victimes se sentirons surement moins en danger, la vengeance serait dure pour elles.
A ce propos, j'aimerais savoir si quelqu'un pourrait me renseigner pour obtenir le livre de Yvan Stéfanovitch, 'un assassin au dessous de tout soupçon, car ayant bien connue une victime, j'aimerais en savoir un peu plus que ce que les médias nous en disent!!!
et surtout en mémoire de cette victime!!!!
Vous remerciant d'avance,
Rédigé par : vero du 13 | 21 août 2009 à 09:52
Si c'était la prison. Il n'aurait pas la vie facile. Un policier en prison c'est comme marcher sur la 20 un vendredi soir.
Rédigé par : Sonia Tibaudeau | 18 août 2009 à 04:17
Si le gendarme Lamare avait été condamné à perpétuité comme un criminel, au bout de quinze ou vingt ans il aurait pu bénéficier d'une remise en liberté (à l'âge d'environ quarante ans). Enfermé en tant que fou dangéreux, il va probablement rester dans un établissement psychiatrique pour toute sa vie. N'est-ce pas mieux comme ça? Je ne crois pas qu'on puisse guérir de la maladie des tueurs en série, et en tous cas, qui pourrait un jour affirmer qu'Alain Lamare ne tuera plus jamais?.
Rédigé par : F. Millich | 13 août 2009 à 00:14
lamare irresponsable ??? qui peut croire ça ???? son atitude au tavail montre qu'il n'était pas fou non loin de là !!
Rédigé par : gigi | 12 août 2009 à 00:50
Bonjour,
il serait temps que la justice française évolue par le biais de nos chers hommes politiques et que des procédures, réformes, lois ou quoi que ce soit soient mises en place afin que des affaires telles que celles ci n'aboutissent plus à une bétise pareille qu'est létat de démence et que de ce fait aucun jugement ne soit prononcé! La véritable démence est justement le fait d'arriver à un tel dénouement! Tout être dénoué d'un tant soi peu de raison ne peut pas admettre sincèrement que le gendarme Lamare était irrésponsable! Toute son "aventure" avec ses réactions au fil de l'enquète, ses relations sociales sont au contraire des preuves que ce type savait ce qu'il faisait (notamment son changement de comportement lorsqu'il fut définitivement coincé)! Et quand bien même il aurait été réellement fou la démence n'efface en rien de tels actes et mérite de la même manière les sanctions adéquates! Un meurtier pareil ne mérite rien de plus que de finir ses jours à moisir au fond d'une cellule!
Rédigé par : Dubray Cyril | 17 octobre 2007 à 00:22