Le 14 décembre 2000, Emile Louis, ancien conducteur de car de la compagnie des Rapides de Bourgogne est interpellé, dans le Var, où il a pris sa retraite, par les gendarmes de la section de recherches de Paris et placé en garde à vue. Il est interrogé au sujet de la disparition entre 1975 et 1979 de sept jeunes handicapées confiées à la Ddass. Il aura donc fallu plus de vingt ans pour arrêter le tueur en série présumé de Christine, Jacqueline, Chantal, Madeleine, Françoise, Bernadette et Martine. C'est en grande partie grâce à l'obstination d'un homme: le gendarme Jambert, qu'Emile Louis sera enfin mis hors d'état de nuire.
Premier rapport du gendarme Christian Jambert
Toute remonte à 1981. Christian Jambert est chargé de l'enquête sur le meurtre de Sylviane Lesage, 23 ans, dont le corps a été découvert dans un abri à bestiaux de Rouvray, près d'Auxerre. La victime est la maîtresse d'Emile Louis, un quinquagénaire, chauffeur de car à l'Association pour l'aide aux adultes et jeunes handicapés (APAJH), qui gère huit centres d'accueil dans le département. Lors de son enquête, Jambert découvre que la compagne de l'époque d'Emile Louis héberge trois fillettes de la Ddass qui se plaignent régulièrement d'être obligées de faire «de drôles de choses» par Monsieur Emile. Le chauffeur de car devient alors, aux yeux du gendarme, le suspect numéro 1 du meurtre de Sylviane. Inculpé, Emile reconnaît pratiquer régulièrement des attouchements sur les fillettes mais nie le meurtre de Sylviane Lesage. Il est condamné en janvier 1983 à cinq ans de prison, mais voit sa peine réduite en appel à quatre ans.
Jambert n'entend pas les choses de cette oreille et persuadé de détenir le coupable il continue son enquête. C'est en fouillant les archives de l’APAJH qu'il découvre, totalement par hasard, l'existence des sept «fugueuses» tombées dans l'oubli:
-Christine Marlot (16 ans), disparue le 23 janvier 1977.
-Françoise Lemoine (19 ans), disparue en été 1977 a Auxerre.
-Bernadette Lemoine (21 ans), disparue en 1977 a Auxerre.
-Jacqueline Weiss (18 ans), disparue le 4 avril 1977 a Auxerre.
-Madeleine Dejust (22 ans), disparue en juin 1977 a Auxerre.
-Chantal Gras (18 ans), disparue le 22 avril 1977 a Villefargeau.
-Martine Renault (16 ans), disparue début 1979.
Jusqu'à la remise de son rapport au parquet d'Auxerre en 1984, il ne cesse de compléter son enquête sur la disparition des sept jeunes handicapées.
Ce sont des filles un peu simplettes que l'on dit frivoles et naïves qui vivent chez des familles nourricières de la région. Elles passent leurs journées à l'institut médico-éducatif (IME) d'Auxerre où elles sont conduites en bus par Emile Louis.
Leurs disparitions successives n'inquiètent personne à Auxerre. Ni leurs familles d'accueil, seulement intéressées par la pension que la garde de ces orphelines leur rapporte, ni l'IME qui conclut très vite à des fugues volontaires. Aucun signalement n'est effectué à la gendarmerie et aucune recherche n'est entreprise à l'exception de Martine Renault, mineure au moment de sa disparition.
Jambert n'est pas de cet avis et découvre qu'elles fréquentaient toutes Emile Louis et lui vouaient une confiance sans bornes et qu'elles ont toutes été aperçues près de lui peu de temps avant leur disparition.
Mais Emile Louis n'avoue pas et le parquet d'Auxerre ordonne un non-lieu.
Emile Louis protégé?
A trois reprises il échappera à la justice dans des circonstances troublantes. Négligence des magistrats successivement affectés à cette affaire ou protection organisée par des notables impliqués dans des actes de pédophilie et de torture? La question est toujours d'actualité aujourd'hui. Ce qui est sûr c'est que Christian Jambert n'aura de cesse de faire éclater la vérité jusqu'à sa mort survenue le 04 août 1997.
Christian Jambert: enquêteur à la vie à la mort
On ne peut pas parler de l'affaire des disparus de l'Yonne sans s'arrêter sur la personnalité de l'Adjudant Jambert qui a porté ce dossier à bout de bras pendant de longues années.
A l'époque maréchal des logis chef, il rencontre Emile Louis pour la première fois en 1979 alors qu'il participe à l'enquête sur la disparition de Martine Renault. Suspecté une première fois, il réussit à passer entre les mailles du filet de la justice.
A partir de la seconde audition d'Emile Louis en 1981 au sujet de la mort de Sylviane Lesage, il ne cessera pas son enquête malgré toutes les embûches qu'il rencontrera. Il poursuit même ses investigations seul après 1989, date à laquelle il est muté dans la Nièvre.
Son acharnement le mène à la dépression nerveuse et en 1995 il tente de se suicider en avalant des médicaments. Il survit et est mis à la retraite.
Le 4 août 1997 alors que le dossier des « disparues» vient d'être officiellement rouvert et qu'il doit être entendu par le juge Benoît Lewandoski, Christian Jambert est retrouvé mort dans son pavillon d'Auxerre. Les constatations d'un médecin généraliste aboutissent alors au classement de son décès en suicide par arme à feu par le procureur de la République d'Auxerre, Jacques Cazals.
Sa famille ayant toujours refusé cette thèse, le corps du gendarme est exhumé en 2004 et après autopsie, les experts affirment que la victime est décédée " de deux plaies par armes à feu, intracrâniennes et cérébrales, mortelles chacune d'emblée". Ces constatations remettent en lumière la thèse de l'assassinat, et les juges d'instruction Flauss et Renault, chargées de l'enquête, jugent nécessaire de faire pratiquer une contre-expertise. Celle-ci confirme que le gendarme Jambert est bien mort de deux balles dans la tête mais souligne que les tirs n'ont pas été forcément mortels immédiatement s'appuyant sur un cas précédent assez similaire.
Depuis la famille du gendarme dénonce ce flou qui entoure toujours sa mort et est persuadée qu'il a été assassiné à cause de son acharnement à faire tomber Emile Louis.
Condamnation dans le Var
En 1987, Emile Louis quitte Auxerre pour se retirer à Draguignan dans le Var. Le 23 novembre 1989 il est condamné par le tribunal correctionnel de Draguignan à cinq ans dont un an de sursis et mise à l’épreuve de trois ans, pour « attentat à la pudeur commis avec violence par ascendant ou personne ayant autorité, en récidive. »
Il purge sa peine en Corse et est libéré le 18 avril 1992.
L’affaire de l’APAJH
C’est à la même époque qu’une autre affaire liée à l’APAJH va éclater à Auxerre. En mai 1992 l’association de défense des handicapés de l’Yonne (ADHY) constituée autour d’une cuisinière de l’APAJH, s’inquiète de certaines méthodes au sein de la structure. Cette association dirigée d’une main de fer par Pierre et Nicole Charrier depuis les années 70 représente beaucoup pour la ville d’Auxerre. Avec un budget de 80 millions de francs et 350 employés, elle est le second employeur de la ville. Cela explique pourquoi l’administration n’a jamais mis son nez dans les affaires internes de l’association. Et pourtant ce sont plusieurs témoignages qui vont enfin révéler qu’il se passe des actes graves en son sein.
Bernadette Petitcollot, une ancienne éducatrice du foyer Guette-Soleil raconte qu’un jour elle a vu Nicole Charrier montrer ses seins et ses fesses à une jeune trisomique qui n'avait même pas la parole. Elle envoie même un courrier de dénonciation aux autorités judiciaires pour signaler une fellation dont avait été victime un déficient mental au foyer, sans aucune réponse.
Serge Lange un ancien administrateur de l'APAJH fait des démarches pour alerter le préfet de l'Yonne, en vain. Il prétend qu’à table, Nicole Charrier fait raconter aux gamines handicapées leurs expériences intimes et livre sans aucune gêne ses petits soucis gynécologiques ou l’ampleur de son appétit sexuel.
Par contre les époux Charrier se sont toujours montrés des amis fidèles envers Emile Louis.
Le 12 février 1982, alors que le chauffeur de car de l'APAJH est mis en examen pour «attentat à la pudeur» sur les trois fillettes placées chez sa compagne, Nicole Charrier se porte témoin de moralité et déclare qu’il est comme un père pour les handicapés.
En octobre 1989, Nicole Charrier est devenue conseillère municipale d'Auxerre, élue sur les listes de Jean-Pierre Soisson, quand son époux est surpris par une patrouille de police municipale en train de violer une handicapée mentale de 22 ans à l'arrière de sa voiture, tandis qu'un jeune garçon était assis à l'avant. La même séance se répétait depuis près d'un an. Il échappe mystérieusement à la cour d’assises et est condamné en correctionnelle à six ans de prison.
Une émission de télévision relance l’affaire
En mai 1996, l’association ADHY lance un appel sur TF1 dans « Perdu de vue ». A la suite de l’émission, un chauffeur de car à la retraite, collègue d’Emile Louis, affirme avoir vu ce dernier creuser un trou de la taille d’un corps, en février 1981, dans un champ entre Seignelay et Chemilly-sur-Yonne quelques jours après la date de disparition de Sylviane Lesage.
Le 3 juillet 1996 l’association de défense des handicapés de l’Yonne et l’avocat des victimes P. Gonzalez de Gaspard demandent la réouverture de l’enquête devant le juge d’instruction Benoît Lewandowski. Cette demande est dans un premier temps rejetée en février 1997 puis finalement l’ADHY obtient de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Paris, l’ouverture d’une information judiciaire le 7 mai 1997.
C’est quelques mois après la relance de l’affaire que le gendarme Jambert est retrouvé mort dans d’obscures circonstances.
Les investigations reprennent
Entre octobre 1997 et mai 2000 plusieurs fouilles sont organisées par le juge Lewandowski dans différents lieux fréquentés par Emile Louis dans l’Yonne. Elles ne donnent aucun résultat malgré les considérables moyens humains et matériels engagés.
Finalement ce n'est que le 14 décembre 2000 qu'Emile Louis est interpellé à son domicile dracénois puis placé en garde à vue.
Enfin des aveux et deux corps retrouvés
Curieusement, alors qu'il avait tout nié lors de ses précédentes gardes à vue, il craque au bout de quelques heures d'interrogatoire. Mais il avoue des crimes qu'il croit prescrits.
Dans sa déposition il raconte que sa première victime est Françoise Lemoine, disparue en 1977. Il dit l'avoir assassinée alors que la jeune femme était sa maîtresse depuis un an après avoir fait l'amour avec elle sur une petite plage en bordure du Serein, une rivière où il avait l'habitude de pêcher. Il aurait ensuite enterré le corps à proximité.
Il récidive avec Christine Marlot, 16 ans en janvier 1977 qu'il enterre à proximité de sa précédente victime.
Trois mois plus tard, en avril 1977, il tue, successivement, Jacqueline Weiss et Chantal Gras. La première parce qu'elle menaçait de révéler leur liaison à sa femme, la seconde pour «assouvir des pulsions qui me forçaient à faire du mal lors des rapports sexuels».
En juillet de la même année c'est au tour de Madeleine Dejust, tuée alors qu'il la conduisait à son C.A.T. puis un an plus tard c'est à celui de Bernadette Lemoine.
Enfin, en septembre 1979, il s'attaque à Martine Renault.
En janvier 2001, il se rétracte et prétend qu'il a avoué sous la pression des gendarmes. Or deux corps sont retrouvés enterrés près du Serein suivant ses indications compromettant considérablement sa stratégie de défense. Il s'agit de Madeleine Dejust et Jacqueline Weis. De surcroît un album photo lui appartenant est retrouvé à proximité de l'un des corps.
A partir de ce moment il avance l'existence d'un "réseau" mêlant notables et proxénètes afin d'atténuer sa responsabilité.
Malgré ses résultats encourageants, la menace de la prescription plane, les faits datant de plus de vingt ans. Heureusement, un courrier rédigé en 1993 par Bertrand Daillie, substitut du procureur d'Auxerre, qui s'est enquis du sort de quatre jeunes femmes disparues auprès des services sociaux du conseil général de l'Yonne, est considéré par la Cour de cassation comme un acte d'enquête interruptif de la prescription.
Au même moment, a l'initiative de Marylise Lebranchu alors ministre de la justice, une enquête est menée par le conseil supérieur de la magistrature pour faire toute la lumière sur les différents manquements et négligences de la justice au sujet de cette affaire. Plusieurs magistrats sont ainsi sanctionnés.
Nouveaux rebondissements
Dans leurs investigations, les enquêteurs font le rapprochement entre l'affaire des disparues et une affaire de torture survenue à Appoigny en 1984.
Le 22 janvier 1984, une jeune femme, Huguette, trouve refuge à l'hôpital d'Auxerre où elle explique qu'elle a été violée et torturée pendant plus de trois mois après avoir été enfermée dans la cave d'un pavillon d'Appoigny près d'Auxerre. Sur place, les policiers libèrent une autre victime, emprisonnée depuis une semaine. Ils découvrent, par ailleurs, une véritable salle de torture et une terrifiante indication. Des tarifs - 600 francs pour une brûlure de cigarette - réservés aux clients. L'enquête révèle que les époux Dunant se livrent à des activités sadomasochistes depuis quinze ans dans leur cave et possède un "fichier clientèle" d'une centaine de noms dans toute la France. Claude Dunant est condamné à perpétuité en 1991. Cependant des éléments troublants peuvent laisser supposer que ces deux affaires sont liées. Tout d'abord les époux Dunant s'en prenaient à des enfants de la Ddass et Claude Dunant bénéficie d'un traitement particulier en prison. Il n'en faut pas plus pour que la rumeur se propage dans Auxerre: " On a voulu protéger des notables". Christian Jambert estimait en tout cas qu'Emile Louis aurait pu être, soit le pourvoyeur, soit le fossoyeur du couple sadomasochiste.
Le 22 octobre 2001, Chantal Paradis se constitue partie civile contre l'homme qu'elle a épousé le 30 juin 1992. Sa fille fait la même démarche. Les plaignantes font état de viols, actes de barbarie et de torture.
En octobre 2003 la juge Claudine Philippe, chargée du dossier notifie aux parties la fin de son instruction. Le procès peut avoir lieu.
Les procès
Du 22 au 26 mars 2004 Emile Louis comparait devant les assises du Var pour viols et agressions sexuelles aggravées avec torture et acte de barbarie contre sa seconde épouse et sa belle-fille. Il est condamné à vingt ans de réclusion criminelle.
Le 2 novembre 2004 s'ouvre le second procès relatif cette fois aux disparues de l'Yonne à Auxerre. Au cours des débats, l'accusé nie tout en bloc. Un des moments fort sera le témoignage accablant de sa fille aînée Marilyne Vinet qui déclare devant la cour d'assises que son père n'était "pas un être humain".
Elle raconte également avoir été victime de viols de la part de son père quand elle avait 5 ans, puis l'avoir vu éventrer une jeune femme quelques années plus tard, expliquant qu'elle n'avait rien dit avant 2000 de peur qu'il ne fasse subir le même sort à sa mère.
A la fin du procès, plusieurs femmes ayant connu Emile Louis témoignent à la barre et déclarent avoir été victimes d'abus sexuels et de séquestrations sous l'emprise de drogues dans le Var.
Le 25 novembre 2004 Emile Louis est reconnu coupable de l'assassinat des sept jeunes femmes et est condamné à perpétuité dont 18 ans incompressibles. Il a fait appel de cette condamnation et un nouveau procès doit avoir lieu.
"Maître Didier Seban, l'avocat des familles des victimes des disparues de l'Yonne s'est montré satisfait de ce jugement..." T'as raison Didier Seban d'être satisfait, tu as pris gracieusement cette affaire pour l'étouffer et te satisfaire d'un jugement contre le seul Emile Louis, mais surtout pas connaître le destin des sept handicapées disparues. Sauf que l'affaire Emile Louis et l'affaire d'Appoigny c'est la même ! Emile Louis n'était que le pourvoyeur de Dunand et l'équarisseur de ces pauvres filles torturées par un ministre d'Etat et sa bande d'ordures bourgeoises.
Au fait Seban ça fait un moment que je te piste, toi qui, sur la France, prends toutes les affaires véreuses d'enlèvements, de disparitions, de crimes ésotériques et autre pédophilie d'Etat pour mieux les embrouiller, tu vas me répondre un jour ?
Avoues-le que t'es franc-maçon et que tu bosses pour eux!
Rédigé par : Paul-Emile CHARLTON | 28 août 2011 à 17:00
Un des éléments les plus troublants à la lecture du livre "Les disparues d'Auxerre" dont il faut saluer au passage les auteurs Catherine Herman et Philippe Jeanne, femme et homme de courage et de coeur : quid de cette maison de rendez-vous glauque à Auxerre spécialisée sado maso et son carnet-clients assez fourni avec noms, spécialités exigées, (tarifées comme dans un restaurant sur une page menu) d'où une jeune fille parvint miraculeusement à s'enfuir (déjà bien amochée) et put témoigner... et dont par la suite... le "carnet client" disparut totalement de la procédure ? Quels étourdis tout de même que ces magistrats! Encore pires que moi qui perds tous mes papiers ! Ils ont eu quoi ? Une tape sur les doigts ? Hélène Larrivé
Rédigé par : hélène larrivé | 18 mai 2010 à 19:51
Victime de manipulation mentale et tentative d'extorsion de fonds et intimidation par un Monsieur très comme il faut habitant en Seine et Marne et qui n'est autre que le père de mon fils, soutenu et aidé par certain nombre de fonctionnaires corrompus allant jusqu'à fermer les yeux sur la pratique de la pédophilie voire offrir leur service à un réseau pédophile en Seine et Marne et dans le Bas-Rhin, je suis à la recherche d’autres femmes mères ayant subi les mêmes traitements. Je rappelle que leur principal procédé est la tentative d'intimidation et l'utilisation de produits chimiques.
Rédigé par : angeley | 23 avril 2007 à 12:31