Charles-Edouard, 8 ans, a disparu
Le 21 mars 1991 à 7 heures 15, Jean-Louis Turquin, 41 ans, vétérinaire à Nice, téléphone au commissariat central de Nice pour signaler la disparition de son fils Charles-Edouard âgé de 8 ans.
Il déclare aux policiers que la veille, son fils s'est couché vers 21 heures. Ils occupent tous deux des lits jumeaux dans la même chambre de sa grande maison du quartier de Gairaut sur les hauteurs niçoises.
Les policiers explorent en premier la piste de la fugue ou de l’enlèvement mais l'enfant n'a rien emporté : ni objet personnel ni vêtements et les chiens policiers perdent sa trace à la sortie de la maison.
Un couple en crise
Mais en poursuivant leurs investigations sur la vie privée des parents de Charles-Edouard, les enquêteurs s’orientent très vite vers la thèse d’un enlèvement familial.
En effet, au terme d’une lente dégradation de ses relations avec son mari, Michèle Turquin a quitté le domicile conjugal en février 1991 et a entamé une procédure de divorce.
Après avoir fait pratiquer des analyses génétiques, il a la confirmation, en janvier 1991, qu'il n’est vraisemblablement pas le père de Charles-Edouard. S’en suit une violente altercation au cours de laquelle il asperge sa femme de gaz lacrymogène. Cet évènement la mène à se réfugier chez des amis.
Les policiers tentent alors de comprendre la nature complexe des relations qui unissent les parents de l’enfant disparu. Michèle Turquin, qui n’a jamais caché à Jean-Louis ses relations extra conjugales, avait émis, dès 1982, année de naissance de leur fils, des doutes quant à la paternité de son époux.
Mais malgré les relations adultères de son épouse, Jean-Louis Turquin s'oppose au divorce et harcèle Michèle de courriers dans lesquels il la supplie de revenir, allant jusqu'à fixer un ultimatum au 20 mars à minuit (Le soir de la disparition de son enfant).
Les soupçons de la mère
Très tôt, la mère de Charles-Edouard fait part de ses soupçons aux enquêteurs et enregistre des conversations téléphoniques avec son mari.
Dans un premier temps Jean-Louis Turquin affirme qu'il est en contact avec des radiesthésistes qui tentent de localiser Charles-Edouard mais ce qui semble le préoccuper bien plus c’est le retour de son épouse.
Le 25 avril 1991, à nouveau questionné par son épouse, il parle d’un enlèvement. Selon lui des personnes contactées par Minitel retiendraient Charles-Edouard au Maroc. La condition de la libération de l’enfant serait la reprise de la vie commune par les deux époux.
Le 27 avril 1991 Michèle accepte d’avoir une relation sexuelle avec Jean-Louis. Profitant de la situation elle lui dit qu’elle pense qu’il a tué leur fils. Il lui répond : « Tu as raison » et lui avoue avoir volontairement supprimé l'enfant et l'avoir enterré sur la commune de Lucéram, où habite Jean-Marc Courraey, l'un de ses amants.
Des aveux sur cassette
C’est alors que les policiers décident d’organiser une nouvelle rencontre entre les deux époux au cours de laquelle ils vont tenter d’enregistrer les aveux du vétérinaire.
Le rendez-vous est pris le 06 mai 1991 à 18 heures. Le couple a à nouveau une relation sexuelle, puis Michèle questionne Jean-Louis sur l’endroit où il a caché le corps de Charles-Edouard. Elle lui demande notamment s’il l’a enterré à droite ou à gauche de la route qui mène au col de Braus. Il répond cyniquement : « Pour passer vingt ans de ma vie en prison, non ».
Le vétérinaire inculpé
Face à cet élément nouveau, l’information judiciaire, initialement ouverte pour enlèvement, débouche sur l’inculpation du vétérinaire pour assassinat le 13 mai 1991. Celui-ci est immédiatement placé en détention provisoire et des recherches sont organisées sur les lieux qu’il a indiqués à son épouse.
Cent cinquante personnes participent à ces recherches mais elles restent vaines. Durant l’instruction il explique aux enquêteurs qu’il a fait ces aveux dans le but de reconquérir son épouse en lui disant ce qu’elle voulait entendre.
La piste israélienne
Neuf mois après sa mise en détention, il est relâché dans l’attente de son procès prévu en 1994. Il contacte alors un détective privé qui explore une piste en Israël. Face à cet élément nouveau, le président de la cour d’assises demande un complément d’information et le procès est repoussé à une date ultérieure.
Des commissions rogatoires internationales sont alors délivrées afin que les enquêteurs puissent interroger ces deux témoins.
Le procès
Le 17 mars 1997, c’est sur les fragiles indices d'un meurtre sans cadavre que s’ouvre le procès de Jean-Louis Turquin qui comparait libre aux Assises des Alpes-Maritimes. Le vétérinaire est défendu par Jacques Peyrat, maire de Nice.
Au premier jour du procès les relations houleuses entre les époux Turquin sont analysées. Dès 1981, Michèle Turquin avait pris un amant, Moïse Ber Edelstein, un Américain danseur écrivain d'origine tchécoslovaque. En 1982 elle tombe enceinte mais en raison de ses doutes au sujet de la paternité, elle souhaite avorter. Son mari refuse.
Entre 1983 et 1988 ils vivent comme deux étrangers dans leur immense bastide niçoise puis reprennent leur vie commune. En vain : Michèle prend un nouvel amant, Jean-Marc Courraey, un ancien employé de pompes funèbres à la personnalité fragile qu'on dit clochard.
Une série de témoignages met le doigt sur la froideur apparente de l’accusé le jour de la disparition de l’enfant. « Il semblait plus préoccupé par les rendez-vous avec sa clientèle que par la disparition de son fils ».
Au second jour, la cassette des aveux enregistrés est écoutée par l’assemblée. Ceux-ci pèsent lourd sur l’accusé, d’autant plus que l’enquête démontre qu’il a très vite tenté d’orienter les soupçons des policiers vers Jean-Marc Courraey.
La défense tente alors d’orienter les débats vers la piste israélienne mais le témoignage du couple de coiffeurs apparaît peu crédible, en particulier à cause de l’âge supposé de l’enfant aperçu dans leur salon qui ne correspond pas à celui de Charles-Edouard.
Le 20 mars 1997, l’avocat général requiert la prison à perpétuité. Le lendemain, après seulement deux heures et demie de délibéré, Jean-Louis Turquin est condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Il reprend alors une dernière fois la parole : « Tant que Dieu me prêtera vie, je chercherai. Et un jour, j'espère, je retrouverai mon fils. »
Le 9 avril 1997, la chambre d'accusation de la cour d'appel d'Aix-en-Provence rejette sa demande de mise en liberté. Le 8 mai 1997, il est hospitalisé à Nice après huit jours de grève de la faim.
Demande de révision du procès
Le 7 juillet 1999, il dépose une requête en révision des condamnations pénales devant la Cour de cassation. Izhsick Dori, religieux israélite venu de Jérusalem, prétend, face aux enquêteurs de la PJ de Nice, avoir constaté la présence dans une école rabbinique de Tibériade, d'un adolescent de seize ans pouvant être Charles-Edouard Turquin.
Le 14 mai 2001, la commission de révision juge peu sérieuse la thèse de l’enfant en Israël et rejette la requête de Jean-Louis Turquin.
Le détective trouve des témoins, un couple de coiffeurs, qui affirment avoir vu le 21 septembre 1995, dans leur salon, une femme avec un enfant qui pourrait être Charles-Edouard.
D'un coté une femme qui rejette son enfant, qui ne s'en soucie pas pendant des années et pour cause elle a bien mieux affaire: couché avec des clochards alors qu'elle est encore marié !
De l'autre un homme qui s'occupe de son enfant souhaité et chéri pendant plusieurs années, vétérinaire estimé de sa clientèle, il reste fidèle a cette femme capricieuse et difficile.
Comment peut-on condamné cette homme quand est-il des multiples voyages en Israël de sa femme ? N'est ce pas un peu bizarre ?
Pour moi cette affaire, c'est avant tout la victoire magistrale d'une belle .. manipulatrice !
Messieurs méfiez vous !
Rédigé par : Marcel Leblanc | 23 octobre 2010 à 12:04