Lundi 28 Février 2005 : Le lundi 28 février est un jour sans histoire pour le financier. Présent à Genève depuis plusieurs jours, il vaque à ses occupations professionnelles. L'un de ses collaborateurs le voit pour la dernière fois vers 20 heures.
Mardi 01 Mars 2005 : Inquiets de ne pas le voir arriver à un rendez-vous professionnel prévu mardi en fin de matinée, ses collaborateurs décident peu après 13 heures, de contacter sa femme de ménage et de se rendre à son domicile situé 17 rue Adrien-Lachenal dans le quartier des Eaux-Vives à Genève. A 13 H 30, La porte est ouverte sans que l'alarme ne se déclenche : Edouard Stern est donc dans l'appartement. Mais c'est un corps sans vie que retrouvent ses collaborateurs dans une des chambres.
Jeudi 03 Mars 2005 : Le juge d’instruction Michel Graber déclare à la presse qu'il s'agit, en toute certitude, d'une affaire criminelle mais refuse de faire plus de déclarations « afin de ne pas nuire à l’enquête ».
De source journalistique on apprend que le corps de la victime à été retrouvé recroquevillé au pied de son lit sanglé et ligoté dans un harnais et criblé de quatre balles dont deux dans la tête. Le drame s'est déroulé lundi soir ou dans la nuit de lundi à mardi. Les résultats de l'autopsie, qui a été pratiquée mardi soir, ne sont pas encore connus. Le corps a été retrouvé, revêtu de la tête aux pieds d'une combinaison en latex, dans l'une des pièces du luxueux duplex de M. Stern qui occupait tout le 5e étage. La porte d'entrée de l'appartement était fermée et non pas simplement poussée. Aucune trace d'effraction n'a été relevée sur la porte palière. On en déduit que la victime a ouvert la porte à celui (ou ceux) qui l'a (ont) tué et qu'elle le(s) connaissait. Une piste que le juge dit privilégier. Il est aussi possible que le ou les suspects possédaient un double des clefs.
Aucune trace d’effraction n’est constatée pas les policiers et l’appartement est retrouvé en ordre. Le vol ne semble donc pas avoir été le mobile du crime. Le système d'alarme n'avait pas été branché. C'est ce qu'a constaté la concierge de l'immeuble, qui était également la femme de ménage du financier français, lorsqu'elle a ouvert la porte de l'appartement à trois collaborateurs de M. Stern.
Le poste de gendarmerie du quartier est situé au rez-de-chaussée de l'immeuble de la victime. Or, les policiers n'ont entendu aucun bruit suspect. L'usage d'une arme munie d'un silencieux est donc possible. Policiers et magistrats se refusent à dévoiler les pistes qu'ils sont en train de suivre, mais deux hypothèses sortent du lot : - Celle d’une possible implication des milieux liés à la mafia russe. En effet, sans aucune prudence ni limite dans ses engagements financiers, Edouard Stern aurait réalisé des investissements hasardeux en Russie et en Europe de l'Est et aurait perdu beaucoup d'argent. Apre en affaires, détestant perdre de l'argent, il aurait été en butte à une querelle qui se serait envenimée. - Celle d'un crime crapuleux, en lien avec sa vie privée. Les circonstances dans lesquelles Edouard Stern a trouvé la mort semblaient, à ce moment-là, pousser la police à considérer avec beaucoup d'attention cette piste. Enfin, peu de temps avant sa mort, Edouard Stern avait confié à plusieurs de ses proches qu’il se sentait menacé et avait pris certaines mesures pour se protéger.
Amoureux des armes à feu Il avait déposé plus d’un an avant sa mort une demande de port d'armes auprès des autorités françaises. Demande exaucée par ces dernières. Edouard Stern était d'ailleurs un habitué d'une armurerie genevoise où il s'approvisionnait régulièrement en munitions.
Mercredi 9 mars 2005 : La piste « privée » semble de plus en plus être privilégiée par les enquêteurs et en particulier la piste d’un crime sexuel. En effet des accessoires sexuels ont été retrouvé à proximité du corps du banquier dont une corde sur une chaise et bien entendu la combinaison de latex couleur chair légèrement transparente, avec trois trous : deux pour les yeux, un pour la bouche qui enveloppait entièrement son corps. On parle à ce moment-là « d’une partie sado-maso qui aurait mal tourné » et l’on apprend qu’ Edouard Stern fréquentait ce milieu.
Jeudi 10 mars 2005 : Edouard Stern est enterré dans le cimetière Juif de Veyrier près de Genève selon ses dernières volontés.
Samedi 12 mars 2005 : Dans un entretien au journal « Le Figaro », Karim Beylouni, l’avocat parisien de la victime, affirme que pour lui la thèse d'un meurtre à caractère sexuel n'a pas de sens : «Quand quelqu'un meurt dans des jeux sexuels, c'est en général par strangulation ou par étouffement. Le sadisme, c'est de faire souffrir l'autre, pas de l'abattre… » « Nous nous sommes parlés pour la dernière fois lundi (le 28 février) au téléphone, confie Me Beylouni.
Ce jour-là, nous avons fait le point sur les différentes actions en justice qu'il avait engagées. J'ai eu besoin de le rappeler dans la soirée. J'ai fait une tentative vers 21 h 30. Puis un peu plus tard. Son téléphone portable ne répondait plus et la messagerie n'était pas en service. J'étais inquiet, car je n'ai pas eu plus de succès le lendemain, et j'ai appris sa mort mercredi matin après un appel de la Suisse.» Ce proche d'Edouard Stern, qui le côtoyait régulièrement dans le milieu de la finance, confirme que l'ancien banquier portait en permanence une arme à la ceinture et évoque «un pistolet de marque Glock», une arme autrichienne très réputée.
Mardi 15 Mars 2005 : Le juge Michel GRABER annonce que Cécile BROSSARD, une française de 36 ans a été arrêtée dans l'appartement d'un thérapeute suisse qui avait l'habitude de l'héberger à Clarens, près de Lausanne et est passée aux aveux. Dans son communiqué il précise : « M. Stern était revêtu d'une combinaison de latex et il a été abattu de quatre balles d'arme de poing, dont deux dans la tête, dans le cadre d'une relation de nature sexuelle qui relève de sa sphère privée» «Il s'agit d'une femme de nationalité française avec laquelle il entretenait des relations intimes et suivies depuis plusieurs années ».
Selon le juge elle aurait agi seule, soit par vengeance personnelle soit pour des motifs financiers car elle était en procès avec Edouard Stern. La suspecte possédait la seule clé manquante de l’appartement de la victime. La police avait trouvé 6 des 7 clés existantes. Ses empreintes digitales ont été retrouvées sur la combinaison en latex que portait la victime et la caméra installée dans le parking l'a filmée au volant de son véhicule quand elle quittait les lieux juste après le crime. En outre elle a indiqué s'être débarrassée de son arme à feu après le meurtre en la jetant dans le lac Léman. Elle est inculpée "d'assassinat" et placée sous mandat d'arrêt à Genève.
Jeudi 17 Mars 2005 : Un sac en plastique contenant plusieurs armes est découvert dans le Lac Léman près de Montreux selon les indications de Cécile BROSSARD.
Vendredi 18 Mars 2005 : Le parcours de la présumée meurtrière d'Edouard Stern se précise. L’oncle et la tante de Cécile Brossard, qui sont semblent-ils ses seuls confidents, racontent à la police de Nancy, où ils résident, avoir reçu, dix jours après le drame, un très étrange colis : il contenait une combinaison en latex et divers accessoires. Une tenue du même type que celle revêtue par Edouard Stern lorsque son corps fut découvert. Le colis leur a été posté de Sydney (Australie) le 03 Mars 2005, apparemment par leur nièce, avec la mention Cécile B. On découvre, en outre, à leur domicile la montre de la victime et une forte somme d’argent.
Mardi 22 Mars 2005 : La détention provisoire de Cécile Brossard est prolongée jusqu’au 22 Juin 2005 en raison des charges graves pesant sur elle. Son avocat Me Pascal Maurer plaide le crime passionnel et l’accès de folie. Il annonce que le financier avait remis à sa cliente un million de dollar « en gage d’amour et d’indépendance » mais lui avait bloqué l’accès au compte deux ou trois jours après l’octroi de cette somme. « Il prétendait qu'elle l'avait grugé dans la vente d'un tableau.» Cet épisode illustrerait le caractère manipulateur du défunt, décrit ainsi par la défense: «Ils ont été ensemble durant quatre ans. Lui, jouait avec elle. Quand elle partait, il la persécutait pour qu'elle revienne. Il lui avait même laissé entendre qu'il allait l'épouser dès que possible.» Soit, apparemment, après son divorce. A ce sujet, Cécile BROSSARD dit avoir eu un choc en apprenant, lors de son audition, qu' Edouard Stern était déjà divorcé de sa femme. «Il ne lui avait rien dit de tout cela. Ma cliente est brisée.»
Me Maurer est ensuite revenu sur le voyage éclair de l'inculpée en Australie au lendemain de l'assassinat. «Elle a opté au hasard pour cette destination.» Le but était de partir. Très loin et vite. Quant au colis qu'elle a envoyé ensuite depuis Sidney à sa famille, il ne contenait, selon lui, rien de sexuel. «C'était les habits qu'elle portait le jour de l'assassinat. Une blouse, un bustier, un pantalon et un collant.» Enfin, la défense tient sa solution à l'énigme des trois armes jetées par la prévenue dans le lac à Montreux.
Si la première pourrait bien être celle du crime, qu'en est-il des deux autres? «Il y avait dessus ses empreintes, car Stern les lui faisait régulièrement manipuler.» Cécile BROSSARD a fait appel à son mari, Xavier, pour revenir d'Australie. C'est ce que rélève un journal suisse. On en sait un peu plus sur les circonstances de la fuite et du retour, en Suisse, de la meurtrière présumée d'Edouard Stern. Celui qui se présentait la semaine dernière comme «juste un ami» est bien plus proche de Cécile BROSSARD qu'il ne l'a dit. La mairie de Nanteuil Le Haudoin, le village où la Française possède une maison, confirme l'inscription de Cécile BROSSARD sur la liste électorale sous le nom de son mari, Xavier G. «S'il a omis de le dire c'est qu'il était paniqué par la situation. Il ne se doutait de rien. Il est très choqué», explique un proche. Elle jette les trois armes du banquier dans l'eau. Quelques heures après le meurtre, elle saute dans un taxi. Direction: Milan. Elle prend le premier vol pour Sydney. Dans les heures qui suivent le crime, Cécile passe de nombreux coups de téléphone. Est-elle prête à se rendre? En tout cas, elle cherche un avocat à Genève. Le périple australien tourne court: Cécile décide de rentrer en Suisse. Lors de son escale en Australie, elle poste un colis qu'elle adresse à ses parents les plus proche, un oncle et une tante de Nancy. A l'intérieur, les vêtements qu'elle portait le soir du drame. A son arrivée à l'aéroport de Zurich, c'est son oncle et sa tante qui viennent la chercher pour la ramener à Clarens. Pendant plusieurs jours, elle sera étroitement surveillée par la police.
Mercredi 23 Mars 2005 : Après son aller-retour à Sydney, Cécile BROSSARD est revenue en Suisse, où elle a été interrogée par la police à titre de témoin. On sait aujourd'hui que la jeune femme n'est pas restée confinée dans son appartement de Clarens mais s'est réfugiée dans un chalet à Gstaad. Constamment sous surveillance policière de la brigade d'observation ainsi que des policiers des forces spéciales. «Il fallait agir de la sorte pour voir vers qui Cécile BROSSARD s'était tournée après le drame, quelle personne elle a fréquentée, etc.», explique une source proche du dossier. Jusqu'à son interpellation, le 15 mars à 8 heures du matin, sur mandat d'amener du juge Michel-Alexandre Graber.
On comprend désormais mieux le mutisme du magistrat dans cette affaire, résolue en moins de deux semaines. Sans oublier, bien sûr, les pressions exercées par la France dans ce dossier. Rappelons que le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy en personne, qui connaissait très bien Edouard Stern, a voulu s'enquérir en direct de l'avancée de l'enquête auprès des autorités policières et judiciaires. Si le scénario du drame se précise, le mobile reste un mystère. On sait désormais que la première balle n'a pas été mortelle. Cécile BROSSARD a dû paniquer, devant encore tirer trois coups pour achever son amant.
Au centre de l'enquête, le million de dollars que le banquier français a versé à sa maîtresse. Par le biais de son avocat, elle explique que cette somme, bloquée au dernier moment, devait lui fournir une certaine autonomie financière. Cet élan de générosité colle pourtant mal avec le personnage. Dur en affaires, mauvais payeur, Edouard Stern ne lâchait vraiment pas facilement son argent. L'hypothèse selon laquelle il pourrait s'agir d'une commission liée à une livraison de tableaux de valeur - dont des Chagall - est prise très au sérieux par les enquêteurs. D'autant qu'on commence à en savoir un peu plus sur les ennuis qui ont conduit Edouard Stern à réclamer un port d'arme. Il se confirme que le banquier était sous étroite surveillance. Les demandes de renseignements émanaient des Etats-Unis.
j irait bien pisser sur sa tombe !! du neuf ?? www.editionsliberte.com ( boite a pandore et www.rrrevolution.net ( stan maillaud DU r;r;r ET WWW.AFFAIREROCHE.COM
Rédigé par : lemasquejaunes | 23 septembre 2011 à 16:16
" Les demandes de renseignements émanaient des Etats-Unis." .... et du gouvernement français pour Rhodia cf "Mort d'un banquier" ...
Rédigé par : Elisabeth | 10 janvier 2007 à 18:10
Je vous conseille très vivement de lire "Mort d'un Banquier" .
Tres, très intéressant , mais l'affaire est très chaude , de + fait le lien avec bcp d'autres affaires : Rhodia, Clearstream, Petrole contre nourriture, Ioukos, ...
Rédigé par : elisabeth | 10 janvier 2007 à 18:08
Du neuf sur cette enquete?
Rédigé par : TKM | 16 décembre 2006 à 01:38
Une erreur de date (en rouge) en tout début d'article.
Rien de bien important, juste une petite correction à faire.
JMC
Rédigé par : jmc | 22 novembre 2006 à 11:31