Philippe Bertrand, 8 ans, est un jeune écolier de Troyes (Aube). Ce 30 janvier 1976, à l'heure de la pause déjeuner, il quitte son école en compagnie de Dominique Meignien, un camarade de classe avec qui il a l'habitude de faire une partie du chemin pour rentrer chez lui. Les deux enfants se séparent lorsque Philippe s'arrête, comme il le fait tous les jours, devant l'école maternelle de son jeune frère pour le raccompagner à la maison. Dominique sera la dernière personne à avoir vu Philippe vivant.
Le garçonnet a été enlevé par un mystérieux kidnappeur qui appelle ses parents quelques minutes seulement après son méfait. Au téléphone il leur réclame une rançon de un million de francs s'ils veulent revoir leur fils vivant.
Immédiatement, la police est alertée, et un dispositif d'écoute téléphonique est mis en place au domicile des Bertrand. En début de soirée, le ravisseur rappelle. Les parents ont eu consigne de faire durer au maximum la communication afin de permettre aux techniciens des télécommunications de localiser le lieu de l'appel. Ce qu'ils réussissent à faire au bout de quelques minutes. Il s'agit d'une cabine téléphonique de la commune de Bréviandes, située dans la banlieue sud de Troyes.
Des véhicules de police sont alors envoyés sur place avec pour consigne de suivre discrètement le ravisseur jusqu'à sa cache. Une première équipe de la PJ arrive sur place alors que le suspect est encore au bout du fil. La voiture est stationnée de manière à ne pas éveiller ses soupçons en attendant le début de la filature. Mais tout ne se passe pas comme prévu. A la suite d'une incompréhension sur la stratégie à tenir dans cette opération, un commandant de gendarmerie ordonne à ses hommes d'interpeller le ravisseur. Lorsqu'il voit la fourgonnette arrivée toutes sirènes hurlantes, ce dernier saute dans le talus et disparaît dans la nuit. L'intervention est un fiasco.
C'est à ce moment que les policiers de l'OCRB, sous l'autorité du commissaire Charles Pellégrini, entrent dans l'enquête afin de renforcer le dispositif.
Au bout de quelques jours, les investigations ne donnant pas de résultat, la presse est sollicitée pour diffuser un appel à témoin accompagné d'une photo de l'enfant. Les parents du garçonnet vont même être interviewés au journal télévisé mais cette médiatisation n'aboutit à rien et le ravisseur ne donne plus aucun signe de vie.
Un gant de Philippe, déposé dans la boite aux lettres d'un prêtre proche de la famille, va un peu redonner d'espoir à M. et Mme Bertrand. A l'intérieur du vêtement, une lettre donne les instructions pour l'échange de la rançon. Le grand-père de Philippe, qui fait partie des plus grandes fortunes de la région, réunit un million de francs en espèces.
Gérald Bertrand, le père de l'enfant entame alors un terrible jeu de piste en voiture suivi à distance par des policiers. En plusieurs étapes, des instructions lui sont délivrées pour aboutir jusqu'au lieu de remise de la rançon. Le ménage dure deux heures dans la nuit puis M. Bertrand arrive enfin à destination près du restaurant "La mangeoire" à Montieramey. Il dépose le sac de billet à l'endroit indiqué, en informe les policiers et rentre chez lui.
En interrogeant les propriétaires du restaurant, les enquêteurs parviennent à établir un portrait-robot d'un client qui pourrait bien être le ravisseur. Mais tandis que les policiers sont toujours en planque près du sac, le patron de l'établissement reconnaît son client au volant d'un Citroën DS blanche. Le véhicule est immédiatement pourchassé mais trop rapide, il sème les policiers. Malgré tout sa plaque minéralogique a pu être relevée: 880 JA 10.
Le propriétaire de la DS est facilement identifié. Il se nomme Patrick Henry et réside 5, rue de la République à Troyes. Il s'agit en plus d'un ami de la famille Bertrand. Le lendemain à 6 heures du matin il est interpellé à son domicile.
Durant sa garde à vue l'homme se déclare étranger à toute cette affaire mais les hommes de l'OCRB ont acquis la conviction qu'ils tiennent bien le ravisseur de Philippe. Ne sachant pas où se trouve l'enfant et comme le temps presse, les policiers vont alors user de méthodes à la limite de la légalité pour tenter de le faire avouer. C'est ainsi que le commissaire Pellégrini l'emmène avec plusieurs de ses hommes dans une forêt isolée et va le menacer d'une arme et même tirer à côté de sa tête pour le faire craquer psychologiquement. Malgré ces menaces, Patrick Henry reste de marbre et au terme de ses 48 heures de garde à vue il est relâché le 13 février 1976.
Devant les caméras de télévision, Patrick Henry clame son innocence et dans une interview il va même avoir le cynisme de déclarer que pour les ravisseurs d'enfants il est pour la peine de mort.
Les jours suivants sa libération, il mène une vie normale et continue de crier à l'erreur judiciaire dès qu'un journaliste l'interroge mais un témoignage anonyme va considérablement aider les policiers. Ce mystérieux témoin va en effet informer la police que Patrick Henry fréquente régulièrement une pension de famille à Troyes. Le 17 février 1976, en se rendant sur place et en présentant sa photo au propriétaire ils apprennent que ce jeune homme loue bien une chambre dans l'établissement mais sous un faux nom et qu'il est même présent en ce moment.
En frappant à sa porte les policiers entendent un claquement de volet. Leur suspect est en train d'essayer de leur échapper en passant par la fenêtre mais il réussissent tout de même à l'appréhender. Quelques minutes plus tard, en perquisitionnant l'appartement, ils découvrent un tapis roulé sous le lit. A l'intérieur se trouve le corps de l'enfant. Cette fois le doute n'est plus permis, Patrick Henry est bel et bien le ravisseur et le meurtrier de Philippe Bertrand.
Désormais incarcéré à la prison de Chaumont, Patrick Henry va raconter au juge sa version de l'enlèvement. Il explique que le 30 janvier il a attendu le petit Philippe devant son école. Lorsqu'il est sorti, il lui a expliqué que ses parents avaient dû s'absenter en urgence et qu'ils l'avaient chargé de veiller sur lui jusqu'à leur retour. Comme Philippe connaissait Patrick Henry, il ne s'est pas méfié. Arrivé à sa chambre de la pension de famille, il a laissé l'enfant devant la télévision le temps de sortir pour faire sa demande de rançon depuis une cabine téléphonique. Arrive ensuite l'épisode de Bréviandes au cours duquel il parvient à échapper aux gendarmes en se cachant pendant deux heures dans les fourrés. A son retour, il se couche aux côtés de l'enfant endormi. Selon lui il l'aurait tué le lendemain matin en l'étouffant avec un mouchoir car il ne supportait plus ses pleurs.
Il aurait ensuité enroulé le corps dans un tapis avant de le placer sous le lit puis serait parti quatre jours au ski avec des amis. Le jeu de piste pour la remise de la rançon intervient à son retour, puis il est arrêté dans les conditions que l'on connait.
L'autopsie ne permet pas de dater avec précision la mort de Philippe Bertrand. Ce qui est certain, c'est qu'elle est survenue dès le début de sa captivité mais impossible de dire si c'était avant ou après l'arrestation ratée de la cabine téléphonique. La conviction des policiers est qu'il a été tué avant car l'enfant connaissait Patrick Henry et qu'il l'aurait évidemment dénoncé une fois libéré. Cette question restera à jamais en suspend.
A l'annonce de l'atroce nouvelle, la France entière est révoltée. L'émotion culmine au moment des obsèques de l'enfant largement retransmises par la télévision. Tout le monde demande la peine de mort pour ce crime odieux. Certains membres éminents du gouvernement, comme Michel Poniatowski, ministre de l'intérieur ou Jean Lecanuet, Garde des sceaux, vont même sortir de leur réserve pour se prononcer en faveur de la peine capitale dans ce dossier. Pour couronner le tout, le propre père de Patrick Henry déclare dans une interview à la télévision que son fils ne mérite rien d'autre que la mort pour ce qu'il a fait.
La pression populaire est telle qu'aucun avocat n'accepte d'assurer la défense de Patrick Henry hormis Me Robert Bocquillon. Ce dernier contacte alors Robert Badinter, alors avocat à Paris et ardent opposant à la peine de mort, afin de lui proposer de défendre l'accusé en sa compagnie.
Par soucis de discrétion, les deux avocats se rencontrent dans un restaurant entre Troyes et Paris et Me Bocquillon présente le dossier de Patrick Henry à Me Badinter. Suite à cette entrevue, une certitude les réunit: rien de la passé, ni dans la vie de Patrick Henry n'est en mesure de lui faire bénéficier de la moindre circonstance atténuante. Le jeune homme est tout simplement indéfendable et il décident donc de transformer son procès en celui de la peine capitale.
Les débats s'ouvrent devant la cour d'assises de l'Aube à Troyes le 18 janvier 1977.
A suivre...
"La peine de mort est méritée. Elle est abolie en France, mais selon moi il faut la rétablir dans certaines circonstances. Cet animal a clamé son innocence mais les peuves irréfutables ont démontré qu'il avait sauvagement assassiné cet enfant. Tuez le"
C'est d'une stupidité...
"Non à la peine de mort mais..."
Assume le fait d'être fasciste et sois franche.
Tiens ? Tu t'appelles Marine...
Rédigé par : Pedro | 06 mai 2015 à 16:24
La peine de mort est méritée.
Elle est abolie en France, mais selon moi il faut la rétablir dans certaines circonstances. Cet animal a clamé son innocence mais les peuves irréfutables ont démontré qu'il avait sauvagement assassiné cet enfant.
Tuez le
Rédigé par : Marine | 27 octobre 2010 à 20:12
c'est arrivé près de chez vous!
Rédigé par : Aude10310 | 28 septembre 2010 à 02:08